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Isabelle MALABIRADE,
Chargé de Projet Mobilité et Transport à l’aua/T
Bruno BALMOT,
Chargé de Projet Mobilité et Transport à l’aua/T
Vivien ROY,
Prospective et Connaissance des Territoires à l’aua/T
Les usages de la ville étant de plus en plus complexes, les techniciens de l’urbanisme cherchent aujourd’hui à s’appuyer sur de nouvelles manières de lire le territoire en lien avec le numérique. L’évolution vers des formes de représentation dynamiques apporte ainsi un regard renouvelé sur des outils « historiques » d’observation tels que l’Enquête Ménages Déplacements, leur permettant de mieux rendre compte des bouleversements dans les usages du territoire.
En effet, nos modes de vie en profonde mutation réinterrogent des rythmes sociaux de plus en plus individualisés, diversifiés et accélérés : l’organisation quotidienne des individus est impactée par des situations familiales plus complexes, par des temps de loisirs qui s’étendent et des temps de travail de plus en plus décalés par le numérique. Ainsi, les usages induits par le numérique contribuent à séparer l’activité de son lieu et inculquent le culte de l’immédiateté à un individu plus flexible, disponible et réactif.
Ces transformations questionnent à la fois la temporalité et la spatialité des activités effectuées par les habitants. À celles-ci s’ajoutent des dysfonctionnements métropolitains qui influent sur la qualité de vie et l’attractivité des territoires. La hausse du couple distance-coût des déplacements, liée à l’étalement urbain, au coût du logement et de l’énergie, met à mal le modèle de « ville automobile » et fait de la mobilité un facteur discriminant. D’autre part, la croissance démographique provoque une saturation des réseaux de transports dans un contexte financier qui rend difficile la création de nouvelles infrastructures.
Le temps n’est ainsi plus le même pour tous et représente un vecteur d’inégalités, tout autant qu’il devient un important levier d’action pour les politiques publiques.
Il importe donc de trouver des moyens d’observer le temps, pour comprendre à la fois la manière dont il structure le territoire en raison d’importants « marqueurs temporels », et comment l’aménagement urbain l’impacte par les choix de localisation des individus et des activités.
L’Enquête Ménages Déplacements, par son regard sur les « pulsations urbaines », permet l’observation non plus des déplacements des personnes, mais celle de leur emploi du temps : où sont-elles et que font-elles ? Cette approche offre un regard approfondi sur les rythmes de la ville, le fonctionnement dynamique et l’attractivité des territoires à l’échelle d’une journée. Au final, c’est une lecture du fonctionnement métropolitain qui nous est donnée de voir.
Évolution de la localisation des habitants au cours de la journée
Les données sont regroupées par secteur d’enquête. Au cours de la journée :
- il y a toujours au moins un tiers des habitants à leur domicile, et 9 % restent chez eux toute la journée.
- au maximum, 12 % de la population se déplacent en même temps (dans le même quart d’heure), alors que la saturation des réseaux de transport en heure de pointe laisse à penser à un pourcentage plus élevé.